Les polarités intérieures : mieux se connaître pour mieux s’orienter
Les polarités intérieures : mieux se connaître pour mieux s’orienter
Dans le silence de l’intime, un dialogue se joue sans cesse : celui entre nos parts intérieures.
Certaines avancent, d’autres freinent.
Certaines accueillent, d’autres orientent.
Certaines ont besoin de douceur, d’autres de structure.
Ce dialogue — parfois harmonieux, souvent conflictuel — traverse chacune de nos décisions, de nos relations, de nos gestes les plus simples comme de nos engagements les plus profonds.
On parle alors de polarités intérieures. Non pas de traits de personnalité figés, mais de dynamiques psychiques qui nous habitent et se répondent. Leur équilibre est essentiel pour se sentir aligné, pour pouvoir se réaliser sans se perdre.
🌓 Qu’est-ce qu’une polarité ?
Une polarité est une force, une tendance intérieure, un élan qui nous oriente dans une direction.
Mais ce mouvement n’existe jamais seul. Il appelle une tension complémentaire, un contrepoint, une forme de régulation naturelle.
On pourrait les penser comme des paires vivantes, des duos fondateurs :
Être / Faire
Accueillir / Agir
Lâcher / Tenir
Écouter / Orienter
Intériorité / Extériorité
Sensibilité / Action
Réceptivité / Direction
Ces pôles ne s'opposent pas : ils coexistent. Lorsqu’ils sont en dialogue, ils créent une forme de cohérence intérieure. Lorsqu’ils sont déséquilibrés, c’est notre énergie, nos relations et notre identité qui en portent la charge.
🌿 Une lecture symbolique : le féminin et le masculin en soi
Dans de nombreuses traditions, ces polarités ont été nommées « féminin » et « masculin ».
Il ne s’agit pas ici de genre, ni de rôles sociaux, mais de forces archétypales que chacun et chacune porte en soi :
Le féminin intérieur : c’est la capacité à recevoir, à ressentir, à être en lien avec l’invisible, à porter la vie symbolique, à laisser advenir. Il est lié à l’écoute, à l’intuition, à la sensibilité.
Le masculin intérieur : c’est la capacité à orienter, décider, trancher, construire, structurer. Il permet de poser un cadre, d’initier un mouvement, de transformer l’élan en action concrète.
En psychothérapie, on observe souvent que l’une de ces polarités a été entravée ou hyper-développée en fonction de notre histoire :
par exemple, une personne qui a dû trop tôt prendre des responsabilités développera un « masculin » suractif, mais un « féminin » blessé, incapable de recevoir, d’être vulnérable ou de se reposer.
🧠 Dans la vie quotidienne : des déséquilibres invisibles
Voici quelques exemples de déséquilibres entre polarités que l’on retrouve souvent dans la clinique :
Une personne très active, toujours en train de faire, mais qui ne sent plus rien. Elle agit pour ne pas sentir, fuit l’intériorité car elle la met en contact avec des douleurs non traitées.
Une personne très sensible, pleine d’intuition, mais qui n’ose pas passer à l’action. Elle reste dans l’attente, la rêverie, l’espoir d’un mouvement extérieur salvateur.
Une personne perdue dans ses décisions, car elle a du mal à faire dialoguer ce qu’elle ressent et ce qu’elle pense devoir faire.
Ce déséquilibre, souvent inconscient, se traduit par :
une perte d’énergie ou une agitation permanente
des conflits intérieurs chroniques (indécision, auto-sabotage, culpabilité)
une difficulté à prendre sa place dans la relation ou dans le monde
🧍♀️ Le rôle du corps dans l’équilibre des polarités
Le corps est l’un des lieux les plus sensibles à ces déséquilibres.
Le système nerveux autonome, notre posture, notre rythme respiratoire, expriment souvent ce que notre esprit ignore encore.
Une personne trop dans le « faire » peut présenter :
une tension constante (sympathicotonie dominante)
des douleurs chroniques, des troubles digestifs ou un sommeil agité
une respiration courte, un haut du corps sursollicité
Une personne bloquée dans l’inaction ou la peur de l’agir peut présenter :
un tonus effondré, des troubles de l’ancrage
une sensation d’être figée ou « ralentie »
une respiration suspendue ou retenue
Des pratiques psychocorporelles bien choisies peuvent alors réconcilier ces polarités :
réveiller une capacité d’action contenue dans un corps figé,
ou restaurer l’écoute et la réceptivité dans un corps surmené.
🌊 Vers l’union des polarités : un chemin d’individuation
Carl Gustav Jung a largement développé cette idée d’équilibre intérieur à travers la rencontre du féminin (anima) et du masculin (animus) dans le psychisme.
Pour lui, le chemin d’individuation – c’est-à-dire devenir pleinement soi – passe par l’union de ces polarités opposées.
Ce n’est pas un état parfait à atteindre.
C’est un mouvement vivant, une écoute constante.
Un art de la nuance.
Comment puis-je aujourd’hui poser une action qui vienne d’un lieu juste en moi ?
Comment puis-je accueillir mon rythme sans me perdre dans l’attente ?
Comment puis-je honorer à la fois mes ressentis et mon besoin de transformation ?
🔑 En thérapie et en stage : un espace pour restaurer ce dialogue
Dans l’accompagnement thérapeutique, et notamment lors de nos stages, ce travail de rééquilibrage se fait à plusieurs niveaux :
Par le corps, qui retrouve un mouvement fluide et différencié
Par la parole, qui peut nommer les conflits, les impasses, les loyautés invisibles
Par le rituel et le symbolique, qui permettent de laisser mourir certaines représentations et d’en faire émerger de nouvelles
Par le groupe, enfin, qui soutient ce processus en miroir et en sécurité
C’est tout l’enjeu du stage « Être soi pour se réaliser » : explorer ce que chaque polarité porte de blessure, de mémoire, mais aussi de potentiel.
✍️ Et pour conclure, quelques questions pour vous
Est-ce que j’ai plus de facilité à faire ou à être ?
Est-ce que je me laisse guider par mes ressentis, ou est-ce que je les survole ?
Quelle part de moi a été étouffée, niée, rendue illégitime dans mon histoire ?
Qu’a-t-elle à m’apprendre aujourd’hui ?
L’union intérieure n’est pas un état figé.
C’est une respiration.
Un va-et-vient entre deux mouvements vivants qui, ensemble, nous rendent pleinement humains.
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